L’Europe va se doter de sa propre constellation de satellites ultrasécurisée, confrontée à l’urgence et à l’impératif de souveraineté


Devant le Centre européen des opérations spatiales, à Darmstadt, dans l’ouest de l’Allemagne, le 7 février 2020.

Attendu, mais tardif, le réveil a eu lieu le 17 novembre. Ce jour-là, Thierry Breton annonçait le lancement d’Iris², acronyme d’infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellite. Une constellation fournissant Internet à haut débit. « Nous avons mis neuf mois pour obtenir un accord. C’est vraiment un délai record », se félicitait, sur Twitter, le commissaire européen au marché intérieur, à l’initiative du projet. Un délai à comparer aux trois ans d’âpres négociations qu’il avait fallu mener entre les différents pays de l’Union européenne pour parvenir à un accord sur le lancement de Galileo, le concurrent du GPS américain.

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Mais, cette fois, l’urgence est là, face à la domination de Starlink, d’Elon Musk, et au projet Kuiper, de Jeff Bezos. Les deux milliardaires américains disposent de ressources telles que rien ne les arrête dans le déploiement rapide de leurs réseaux satellitaires. « Nous devenions dépendants d’une alternative non européenne et, qui plus est, privée », affirme-t-on à Bruxelles.

« Nous n’avions juste pas le choix, insiste, de son côté, Philippe Baptiste, le PDG du Centre national d’études spatiales (CNES), car je ne vois pas comment l’Europe pourrait s’appuyer sur Elon Musk. Il faut défendre nos intérêts, c’est une question de souveraineté. »

Financement sécurisé

Comme l’a démontré Starlink depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février, disposer d’un outil de communication spatiale est vital en cas de conflit. L’idée est donc d’aller au plus vite avec un calendrier très, voire peut-être trop, serré, prévoyant un premier lancement en 2024 et une mise en service de la constellation en 2027.

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Le financement a déjà été sécurisé pour plus de 3 milliards d’euros, 2,4 milliards provenant du budget de l’Union et 640 millions de l’Agence spatiale européenne (ESA). « Cela nous suffit pour lancer une constellation ultrasécurisée permettant un cryptage quantique pour répondre aux besoins des gouvernements », explique-t-on au sein de la Commission. Priorité donc à l’autonomie. Le volet commercial, tant vers les particuliers que vers les entreprises, sera financé, dans un second temps, par des industriels, avec la mise en place d’un partenariat public-privé (PPP) sous forme de concessions. L’investissement serait alors de 6 milliards d’euros.

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Iris² se veut différente de Starlink, de OneWeb ou de Kuiper, car il n’est pas question pour les responsables européens de multiplier les satellites de la taille d’une boîte à chaussures en orbite basse et d’encombrer un peu plus le ciel entre 300 et 1 200 kilomètres. Multipolaire, la constellation pourra aller jusqu’au géostationnaire à 36 000 kilomètres de la Terre.

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